Un peu, beaucoup, pas du tout!

Jeune, quand j’avais le choix entre aller pêcher dans la crique ou faire le ménage de ma chambre, la décision était facile à prendre : j’optais pour l’option divertissante. Cependant, il était assez rare que ce choix puisse me revenir. C’était plutôt : « Termine tes corvées et après tu iras t’amuser. » Aujourd’hui encore cette règle continue de s’appliquer et ce n’est plus la voix de ma mère qui parle, mais bien la mienne. De toute façon, même si je transgressais cette convention, je n’arriverais pas à m’amuser. Je penserais à l’ouvrage que j’aurais délaissé pour mon propre plaisir. Définitivement, le loisir c’est la carotte au bout de la corde; pas de carottes, difficile de faire avancer le mulet!

Parfois le mulet, c’est-à-dire moi-même, manque de volonté ou de motivation pour avancer. Il lui arrive d’ancrer ses pattes au sol et de refuser d’avancer parce que l’envie n’y est pas.  Ne croyez pas que je n’ai pas mes moments de faiblesse; j’ai mes hauts et mes bas comme tout le monde! Cependant, j’essaie de ne pas accorder trop d’importance à mes bas, sinon ils risquent d’être plus nombreux. Bref, il y a des jours où ça me tente un peu, beaucoup ou pas du tout de faire le travail qui m’incombe. Je regarde ce qu’il y a faire et rien ne bouge — ni mentalement, ni physiquement. Du coup, je fais autre chose, car je me dis que je n’ai pas l’énergie, la concentration ou la forme physique nécessaire pour accomplir ces tâches sur-le-champ. Non pas que je souhaite temporiser parce que certaines corvées me rebutent, mais bien par simple honnêteté envers moi-même et mon besoin immédiat.

Nonobstant mon désir du moment, l’urgence va finir par se faire sentir et ce que je craignais le plus va se produire. En plus de ne pas avoir envie de le faire, je vais être coincée dans le temps pour le faire! Sainte misère! Si on me proposait illico d’aller pêcher dans la crique, j’irais, et ce, peu importe le sentiment de culpabilité qui m’accompagnerait. Malheureusement, je me connais bien : je n’apprécierais pas ma sortie. Je passerais des heures à repenser à ce que j’aurais dû faire et à soupirer de découragement. La fuite ne sera pas la solution, je dois régler le problème à la source.

Depuis quelque temps, il y a dans mon agenda un excédent de je-dois-faire-ceci et de il-faut-faire-cela. Il y a trop peu de j’ai-envie-de et cela finit par ramollir mon moral et le rendre tout à fait inapte à faire quoi que ce soit. À force d’oublier de se faire plaisir, on n’oublie même ce qu’est le plaisir!

Tout compte fait, je ne crois pas que je vais m’atteler à la tâche tout de suite. En voici les raisons:
1)    je vais accepter le fait que je suis fatiguée;
2)    je vais m’accorder une pause en faisant ce que j’aime (mon envie du moment) et
3)    je vais me ventiler l’esprit, car dans l’état actuel mon travail ne serait pas productif.

En somme, je vais me respecter.

Parfois, cela vaut la peine de ne pas baisser les bras lorsque l'on se trouve à un kilomètre de la ligne d’arrivée, de faire un dernier effort avant la finale. Toutefois, si on sait qu’il nous reste encore une très longue distance à parcourir, il vaut mieux s’arrêter en chemin, prendre un bon café, profiter de la nature, respirer à fond, faire une petite sieste en après-midi, bref, faire autre chose que chercher à atteindre son but le plus rapidement possible, car en bout de ligne, tout ce que l'on souhaite c’est d’être capable d’apprécier ce qu’on a accompli.

Aujourd’hui je mets de côté mes obligations et je me respecte. J’écoute ma petite voix qui dit : « Ça ne me tente pas du tout! ». Là, maintenant, je fais uniquement ce que j’ai envie, et si mon désir du moment se limite à rien du tout, alors je vais le satisfaire. De plus, je vais accepter le fait que je suis dans un creux de vague et que, dans quelques jours, la remontée se fera graduelle entraînant dans son sillon, entrain et bonne humeur.

«On n'est pas uniquement en ce monde pour y accomplir ses tâches quotidiennes, mais aussi pour accorder de la place aux rêveries de l'âme qui l'élèvent et la reposent.» [Gabrielle Roy]

Mésange

2 commentaires:

  1. eh bien je crois bien que je vais l'appliquer moi aussi :) Merci pour ce message
    Laurie xx

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  2. Merci à toi Laurie! C'est toujours agréable de recevoir des commentaires... Comme ça, on sait si on est encore sur les rails ou complètement à côté!!! Bonne fin de semaine!

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