Entre la vie et la mort...

Chers amis, même si le blogue est en pause j'avais besoin de partager ce tourment de l'instant.  Suite à un malaise cardiaque, ma belle-mère a subi un "nettoyage" de ses artères. Cependant, elle se relève mal de cette intervention chirurgicale.  Le coeur s'est arrêté à trois reprises durant l'intervention, la réanimation fut très difficile. De plus, une fièvre vient de s'additionner à l'équation, augmentant les doses de médicaments, rendant du même coup impossible son réveil. Elle répond aux stimulis et nous osons croire que le cerveau fonctionne bien. Seul l'espoir, les bons soins et les prières peuvent faire pencher la balance.

Ne sachant trop comment exprimer toute l'angoisse qui m'étreint le coeur face à une situation que seul le destin "semble contrôler" je vous partage ce poème:

* * *
Entre la vie et la mort

Elle vit sa vie au présent
Chaque respiration compte.

Une inspiration, c’est la vie qui entre
Une expiration, c’est l’angoisse de la mort.

Le cœur bat
Au même rythme que les machines
Un rythme trop lent.

Les yeux clos
La bouche condamnée par les tubes
Elle sommeille.

C’est un repos non reposant
C’est une bataille de tous les instants
C’est un battement de cœur à la fois.

Son corps n’est déjà plus le même
Gonflé, piqué, sanglé et pourtant elle est là
Derrière le tremblement de ses paupières closes.

Elle vit sa vie au présent
Une vie qui oscille sur le fil du temps.

Une inspiration c’est la vie qui revient
Une expiration et c’est la vie qui s’en va.

Elle n’a pas conscience des tourments
Des inquiétudes qui nous affligent
De cette tristesse qui mouille notre regard.

Elle n’a pas conscience du temps qui passe
De la menace qui gronde
De l’espoir qui veille.

Le temps s’égrène au ralenti
Au rythme de chaque respiration
D’une lenteur infinie.

Elle vit sa vie au présent
Une vie qui oscille entre deux choix.

Partir ou rester
N’est plus de sa volonté.

Combattre ou abandonner
Ce choix n’est plus à sa portée.

Les dés ont été jetés
Que nous réserve demain?
Que lui réserve l’avenir?

Elle vit sa vie au présent
Un présent chancelant
Un présent sans lendemain.

Elle vit… Elle ne vit pas… Elle vit…

[Jocelyne Gagné, 14 juin 2012]

16 commentaires:

  1. Chère mésange, je ne peux être plus en pensée avec toi et t'envoyer des ondes positives durant cette période d'incertitude. Pour traverser personnellement différents moments d'émotions avec nos papas. Il n'y a rien de pire que l'attente. Nous sommes impuissants face à la maladie et surtout devant ses être si aimés. Bonne Journée mon amie!

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    1. Chère Estelle, tes pensées nous ont accompagnés ces derniers jours, rendant le tout plus supportable. Merci beaucoup de cette présence à distance. L’incertitude, l’impuissance à agir sont les pires sensations que l’on peut éprouver, mais c’est rien comparé à ce que les gens malades peuvent vivre…

      Merci encore, ton soutien nous fait beaucoup de bien.
      Bisous tout plein chère amie xxxooo

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  2. Ces moments douloureux, nous les traversons tous à un moment ou à un autre. Il faut s'oublier, ne penser qu'à l'autre, veiller sur lui, larguer les amarres de ses propres sentiments, de ses peurs, et être disponible pour porter chaque souffle, et se réjouir du plus petit progrès, aussi infime soit-il.Je te souhaite beaucoup de courage. Et de patience.Et j'espère que la poésie t'aidera à traverser ce difficile moment.

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    1. Chère Malyss, merci! Tes conseils ont été précieux en ces moments de « grande » décision. Nous avons pensé à l’autre, à ses valeurs et ce qu’elle aurait souhaité… Elle avait envie « de ramer » sauf que le courant était trop fort et sa barque peu solide… D’ailleurs, une ancre la retenait sur place. Larguer les amarres était la seule solution...

      Ton message est plein de réconfort, il fait du bien à lire et à relire. Merci infiniment.

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  3. ta poésie est une prière, nos parents qui semblent si absent dans cette non vie hospitalière, reçoivent ces pensées positives d'amour et d'angoisse mélées. Ce sont ces pensées qui les aident à vouloir rester avec nous.
    Petite mésange je te souhaite beaucoup de patience et de courage.
    josette

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    1. Chère Josette, j’ai relu plusieurs fois votre commentaire rempli de douceur et de positivisme. Vos mots m’ont aidé à voir au-delà de la maladie, au-delà de la technologie qui l’a tenait en vie. J’ai vu des sourires que jamais je n’oublierai. Merci pour ce courage insufflé de manière si généreuse. Merci de cette présence grandement appréciée.

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  4. La prière peut faire la différence et je souhaite vivement que votre belle-mère revienne à elle et à vous. Elle doit comprendre, entendre, percevoir, même si elle ne peut pas communiquer pour l'instant. Votre présence, vos attentions, vos prières, encore, tout compte.
    Vous avez eu la force d'écrire ce beau poème pour elle, c'est déjà un immense espoir.
    Courage!
    Anne

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    1. Chère Anne, sans la prière, mon cœur se serait brisé en deux… Je crois que tout ce qui a été dis elle l’a perçu. On dit que l’audition est le dernier sens à s’éteindre… Alors, j’ai parlé, murmuré, insufflé du courage mais je crois que l’envie de déposer ses bagages était plus forte que tout. Elle avait envie de se reposer… ailleurs!

      Elle ne m’est pas revenue… elle a entamé un autre voyage plus beau, plus intéressant, plus reposant. C’est une vie meilleure qui désormais l’attend.
      Vos bons mots m’ont accompagné dans les moments les plus obscurs, dans ces instants de doute extrême. Merci de tout cœur. Merci chère Anne xxxoooo

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  5. Ces moments sont si difficiles et on se sent si impuissants. On ne peut que faire ce que dit Churchill dans la citation que vous avez mise en exergue : s'asseoir et écouter.
    Bon courage.

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    1. Chère Bonheur du Jour,

      Vos propos me font un bien immense et me calme. Merci!

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  6. La route d'un chacun est tracée...nous ne savons pas pourquoi un jour nous sommes arrivées et comment un jour nous en partirons.
    Le souhait de quelques instants de plus, dans une inspiration qui ne saurait s'arrêter. Acharnement thérapeutique, oui peut-être... on y croit.Et cela peut marcher, tenir encore, quelques instants que l'on espère encore plus longs. Profiter de ces battements , de ces souffles que l'on écoute attentivement.
    Affection, tendresse, tout contribue à aider les uns et les autres, le futur seul en décidera.
    Courage à vous Mésange, il faut espérer encore et encore, toujours.
    Martine de Sclos

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    1. Chère Martine, comme vous avez raison… « la route de chacun est tracée » et même si on voudrait s’en détourner, le destin nous ramène toujours sur ce tracé qui parfois semble mener nulle part.

      Elle a tenu quelques instants de plus, jusqu’à ce que son regard se voile et s’éteigne définitivement… Nous avons profité de chaque battement, témoin d’une vie qui se languit de vivre ailleurs… dans un autre part plus serein, plus léger.

      Vos propos ont su atténuer la tristesse qui nous broyait le cœur… Merci. Nous espérons maintenant que le meilleur l’attend. Merci infiniment Martine.

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  7. Oh I've just found this post. I'm sorry that your mother has had to be hospitalized. Surgery can be scary no matter what it is.I'm praying that the surgeon's hands are guided to accomplish the precise procedure they need to do. I'm looking forward to hearing about her recovery!! Many hugs!

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    1. Dear Saphhire, the surgery was a success but my stepmother didn't have the force required to fight. We gave her tenderness, comfort to the end even though she had not conscious. We hope she felt all love we had for her.

      News are not good for us but in other hand, it's not a life to stay connected to a machine... Now, she's free, free to live the life she wants on the other side of the shore.

      Thank you so much for the hope and mostly for the many hugs. I took all of them. They have been so comforting. Thank you Sapphire xxooo

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  8. Un tel texte est bouleversant d'humanité. Malgré cette partie qui se joue entre la vie et la mort, la force de l'écriture est de nous faire partager cette émotion sans jamais ressentir aucune morbidité. Une leçon de vie, de fin de vie, que nous aurons tous, avec la chance de vivre vieux, à croiser sur notre chemin. Toute théorie est difficile à mettre en place dans ces instants, mais le vécu de chacun, vaut d'être entendu, lu, partagé, ici.
    J'ai vécu ces instants et je te comprends.
    Je te salue fraternellement,

    Roger

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    1. Cher Roger, comme vos mots, frémissant de sensibilité, me font du bien! Il est vrai qu'il est difficile à la raison d'être "raisonnable", les émotions prennent toute la place, parfois, toute la place. L'écriture a le don de nous "libérer" des ressentis trop lourds, trop sombres, trop fragiles pour être conservé à l'intérieur d'un coeur déjà ébranlé.

      C'est le début d'une nouvelle vie pour elle, d'une autre vie pour nous, sans elle. L'amour fait du bien mais fait mal aussi. Voilà, il y a une part de cet être disparu (à nos yeux) au fond de nous, à nous de le chérir, à nous d'en prendre soin sans verser de larmes.

      Il y a un temps pour la peine et un temps pour la guérison... Je sais que cela viendra, plus tard sûrement.

      Merci de votre passage qui apaise le coeur avec des mots. Au plaisir de vous lire bientôt sur votre blogue.

      Amitiés.

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