Une semence qui doit être plantée...

« Avant d’espérer la récolte, commençons par semer! »

Le printemps est arrivé avec la promesse des beaux jours et tout ce dont on a envie c’est de délaisser les livres d’horticulture pour aller inspecter le terrain. On fait le tour de nos plates-bandes, on vérifie l’écorce de nos arbres, on ramasse les branches cassées, on relève les plants qui ont ployé sous le poids de la neige, bref, on évalue le travail à faire dans les semaines à venir. Et lorsque cette belle flânerie s’achève enfin, on pousse la porte de la remise à jardin qui râle, grimace et résiste sous l’effort, impuissante à s’interposer à notre intention d’entrer dans le repère du jardinier. Mmmmm, ça sent la terre mouillée et le gazon séché. Rapidement on tourne le dos aux outils suspendus tête en bas pour se concentrer sur la boîte de sachets de semences et soudain on s’interroge: « Au fait, quand est-ce que j’ai acheté ces semences de carottes ? »
 
Si la mémoire a décidé d’oublier, il est normal que l’on ait fait de même ! Par conséquent, pour savoir si nos graines sont encore bonnes, il va falloir les mettre en terre, attendre entre quatre à six semaines et si rien ne pousse, on aura fait tout ce travail pour rien. Au final, on devra refaire les sillons, semer de nouvelles graines tandis que nos voisins contempleront d’un air gaga les magnifiques petites touffes striant le potager de jolies rayures vertes. En un mot, ils vont savourer leurs carottes bien avant qu’on puisse manger les nôtres!



Et pendant qu’on tourne le sachet de semences dans tous les sens, hésitant à prendre une décision, les pages du calendrier tombent une à une. L’été sera là et on aura encore entre les mains le même sachet. Si on s’était décidé plus tôt, déjà on saurait si les graines pouvaient ou non germer. Au lieu de cela, on a manqué de courage.
 
Quoi ? Il faut du courage maintenant pour semer une graine ? Du moins, il en faut pour se décider à agir ! Il en a va de même avec le talent. Pris seul, le talent est comme une semence restée dans son sachet; tant qu’on ne le met pas en terre, on ne verra jamais ce qu’il produira. Une fois semé, le talent peut soit mourir, soit grandir. S’il meurt, c’est probablement parce qu’on a trop tardé; le talent a vieilli sans que l'on s’en préoccupe croyant qu’il serait encore utilisable le moment venu. Mais s’il grandit, c’est qu’on l’a entouré de soins, travaillant à lui procurer le meilleur, veillant à ce qu’il s’épanouisse jusqu’à son plein potentiel.
 
En ce lundi matin, je vous invite à regarder votre sachet de talents en vous demandant : « Est-ce que je sème ces graines tout de suite ou j’attends jusqu’à ce qu’il soit trop tard ? » Si un simple gland peut donner naissance à un chêne pouvant procurer de l’ombre à plusieurs générations, qu’apportera au monde et à vous-même un seul de vos talents ?
 
Les talents peuvent pousser dans toutes les terres mais ce dont ils ont le plus besoin pour grandir c’est du travail et des soins d’un jardinier attentionné.
 
Bonne et belle semaine tout le monde !
 
Mésange

10 commentaires:

  1. Vous offrez à vos lecteurs votre charmante variation d'une célèbre parabole. Cette semaine de vacances sera, pour ma part, consacrée en grande partie à la peinture. Je vous souhaite une fructueuse semaine, Mésange, et à lundi prochain!

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    1. Chère Anne, merci pour vos bons mots! Désolée de vous répondre si tardivement, le temps me manque. Je crois que je vais me procurer des semences de « temps » à moins que j’apprenne à mieux gérer mes priorités. Je vais opter pour la seconde option!

      Je vous souhaite d’agréables vacances et de précieux moments avec vos pinceaux! Prenez grand soin de vous!
      Bon week-end tout en couleur!

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  2. Ah ! chère Mésange, ton histoire de semences m'a fait rire car elle me rappelle trop les sachets de graine en souffrance dans le cabanon de notre jardin. C'est si vrai cette impression de talent gâché, ces projets sans cesse remis qui rouillent dans notre tête...nous en avons tous...et il n'y a pas trop d'une petite mésange pour nous rappeler de retrousser nos manches. Merci bel oiseau si pertinent. Je t'embrasse fort en amitié.

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    1. Chère Malou, j’aime beaucoup l’image des « projets qui rouillent dans notre tête ». Quand la rouille s’attaque à une idée, un projet, un talent, même avec les meilleures intentions, il peut s’avérer difficile d’arrêter sa progression; un jour ou l’autre, elle fragilisera ce qui habitait notre tête et notre cœur rendant le tout totalement inutilisable… Si on ne veut pas que ça rouille, il faut s’assurer qu’il n’y ait pas d’infiltration de peur, de doute, de procrastination. Le fait de colmater les petites brèches avec une bonne dose détermination et d’enthousiasme, rien ne pourra oxyder ce qui nous tient à cœur.

      Merci pour tes bons mots; ils touchent mon cœur avec la douceur d'une plume. Plein de tendresses pour toi, chère Malou. xxoox

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  3. Chère Mésange, quel plaisir de lire ton billet qui peut aider à se lancer dans le printemps avec confiance.

    En effet, faire fructifier ses talents demande un certain courage, voir une discipline au quotidien. Comme le jardinier : surveiller, arroser, patienter et se lever à la bonne heure pour travailler et être au rendez-vous de la vie...

    Douce semaine à toi !

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    1. Cher Yanis, je suis sûre que vous faites un excellent jardinier! Je sens dans vos propos toute la douceur de celui qui s’occupe patiemment et amoureusement de son jardin, de son talent…

      Merci pour ces mots empreints de sagesse décrivant parfaitement la tâche qui nous attend. Une tâche qui, au bout du compte, rapporte gros…

      Bon week-end sous le ciel printanier!

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  4. Tu es dans le vrai...
    Nous sommes les jardiniers de nos vies...
    Avec constance...patience...douceur...
    Apprivoiser les humeurs du temps si généreux en ses caprices !...
    Les mésanges qui ont passé l'hiver en notre compagnie sont reparties s'occuper de leurs nids...bientôt les pépiements de leurs petits...
    Doux printemps en ton jardin...
    Michèle

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    1. Chère Michèle, tes propos sont une véritable mélodie pour mon cœur! Quoi retenir de ces lignes? Tout évidemment! Trop beau pour que je puisse y ajouter quoi que ce soit.

      Je m’en vais de ce pas apprivoiser les humeurs du temps et pour cela je devrai me lever tôt, car il est très très capricieux, le temps!

      Bonne et douce soirée chère Michèle!
      xoxox

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  5. Bonjour Mésange. Quelle jolie façon de nous encourager à agir.... Agir pour faire, bien faire, s'épanouir et distribuer aussi un peu de cet épanouissement aux autres.
    (comme l'écrivait Voltaire "Il faut cultiver notre jardin")
    J'aime beaucoup ta façon d'écrire qui, tout en douceur, nous ouvre les yeux et nous fait réfléchir.
    Ton propre sachet de graines ne dort pas, c'est sûr, et tu as déjà semé de bien jolies choses.
    Merci à toi et gros bisous

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    1. Chère Oxy,
      Merci pour ces bons mots qui me réchauffent l’intérieur comme les braises rougeoyantes d’un feu de foyer. Permets-moi aussi d’ajouter ceci : si mes écrits éveillent en toi le goût d’agir c’est qu’en vérité, tu étais prête à passer à l’action… Le jardinier a peu de mérite quand la terre est fertile et la météo clémente ;-)

      Tu as raison, mon sachet de graines ne dort pas, mais il m’arrive de me demander où planter mes graines… Rien n’est parfait!

      Plein de bisous pour toi xoxxxox
      Douce soirée!

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