Caprice matinal

J’adore le pain. Et s’il n’y avait que cela à manger, je ne m’en plaindrais pas. Et puis, j’ai mes préférences : le bon pain de ménage sortant du four a la cote! Impossible de me limiter à une tranche. Chaque bouchée est un vrai régal. Et additionnée d’une noix de beurre c’est totalement décadent. Ah! C’est à croire que Dieu a créé le blé que pour mon palais! N’avez-vous pas faim? Moi, si!

Revenons à mon pain, voulez-vous. Avant que je ne fasse office de boulangère dans ma propre cuisine, j’étais soumise aux variétés proposées à l’épicerie. Certes, le pain préparé en boulangerie est doublement meilleur! Néanmoins, j’avais une vie rapide (et c’est toujours le cas!) et il m’arrivait de faire les coins ronds : pas l’temps de tricoter dans la ville pour dénicher le top des pains. Alors, je ramassais un pain tranché (des plus ordinaires) afin de combler l’essentiel, c’est-à-dire faire taire mon estomac.

Pour tout vous dire, quand j’ouvrais le sac de pain commercial, je couchais la première tranche (la croûte) afin de m’attaquer tout de suite aux belles tranches qui se situaient juste après. La mie était présente d’un côté comme de l’autre. C’était parfait à faire griller. La semaine avançait et le sac se vidait. Jusqu’au jour où j’arrivai au fond du sac. Et qu’est-ce que j’avais? Deux croûtes. La première que j’avais « sautée» volontairement et là dernière que j’apercevais pour la première fois.

Zut! Me voilà forcer de manger deux croûtes. Ce n’est pas un déjeuner ça? C’est la grosse misère!

Comme je suis assez organisée, il y avait certainement un autre pain rangé quelque part? J’étais sauvée! J’en avais un en réserve. J’ouvris le sac et qu’est-ce que je vis? Une croûte! Ça suffit là! Je couchai l’insolente sur le dos afin de diriger ma main vers l’essentiel : deux belles tranches à la mie bien tendre. Pendant que le pain grillait, je rangeai dans le frigo l’autre sac contenant mes deux indésirables. Loin de le dissimuler - car il faut bien le terminer un jour –, je le mis bien en vue dans la porte. Ainsi, je me rappellerai que je dois les manger avant qu’elles ne durcissent. La semaine s’écoula et le deuxième pain fut presque terminé. Comme chaque matin, j’ouvris le sac et qu’est-ce que je vis? Mes deux croûtes qui m’attendaient. Mais je n’en ai pas envie, soupirais-je. Pas ce matin! J’enroulai alors le sac sur lui-même et je le rangeai dans le frigo, bien en vue, juste à côté de… l’autre sac. Je regardai son contenu… Misère! Tout était sec. La bouche grande ouverte, la poubelle attendit patiemment que je me décide. Je me sentais coupable. Coupable d’avoir oublié le pain. Coupable de gaspiller ainsi de la nourriture.

La poubelle avala le tout sans rechigner. Burp! Je rangeai le deuxième sac dans le frigo me promettant d’être plus vigilante. Et les jours passèrent et voilà que le moment crucial arriva : deux croûtes se faisaient l’accolade ignorant mon visage grimaçant. Soupir. Toutes deux semblaient dire : « Mange-nous! Mange-nous! ». Mais, moi je ripostai : «Pas aujourd’hui! Pas aujourd’hui!». Et voilà, c’était reparti!

Selon vous, pourquoi n’ai-je pas jeté immédiatement la première croûte au lieu de l’écarter du sac chaque matin. Tout cela aurait pu être réglé plus tôt! « Ben » non, je l’ai eu dans les pattes jusqu’au bout du sac. Enfin, jusqu’à ce que je me retrouve nez à nez avec les deux extrémités non mangées.

Pas facile de prendre une décision, hein? Pourtant le choix est simple! Arrêtons de nous torturer ainsi. On craint de jeter, mais au bout du compte c’est ce qui se produit. Jetons la croûte tout de suite (ou profitons-en pour nourrir les oiseaux) et passons à autre chose. Pourquoi reporter à plus tard? Pourquoi temporiser pour du pain? Honnêtement, c’est ridicule n’est-ce pas? Mais tout cela montre combien on a de la difficulté à prendre une décision.

En ce lundi matin, ne soyez pas agacé par cette croûte qui vous regarde; après tout, ce n’est que du pain. Sachez ce que vous aimez et ne craignez pas de l’affirmer. Il n’y a pas de mal d’avoir quelques caprices!

Jocelyne Gagné (Mésange)

2 commentaires:

  1. Voilà un problème qui ne se pose pas avec le pain... nous avons la chance de vivre (encore) avec des boulangeries qui ont des pains de toutes sortes dont la baguette dite tradition qui sortie du four vers 17 h le temps de revenir le croûton est bien entamé...et tartiné de beurre demi-sel est un plaisir qui mène droit aux enfers... tu vois je suis tout à coté de la question mais c'est si bon que je ne résiste pas !
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    1. Chère Josette, répondre à côté ou directement à la question, ce n'est pas important, c'est si délicieux de te lire! Ah! tu me donnes le goût de savourer ce moment avec toi. Je ne résiste pas à un bon pain. Avec ou sans beurre. Je suis comme ça! Il ne faudrait pas ajouter un verre de "rouge"... Alors là, je ne réponds plus de moi!

      La baguette se trimbale sous le bras quelques secondes seulement... Dès que l'on franchit le seuil de la maison, déjà il faut rebrousser chemin et se pointer à nouveau à la boulangerie. Il y a des plaisirs qu'on savoure seul et ensuite, à plusieurs! ;-)
      Merci de ton passage, Josette! Tu m'as littéralement donné le goût du pain!
      Bonne semaine! xo

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