Attends une minute!

 
Dernièrement, j’ai eu le plaisir d’aller faire les boutiques avec mon fils et ma petite-fille âgée de deux ans. Ayant vécu dans un environnement totalement masculin (trois frères, un fils et un petit-fils), j’étais plutôt habituée à un magasinage dit « expéditif ». Avec la petite demoiselle, ce fut différent : j’avais l’impression d’être le sujet de Sa Majesté. J’attendais son hochement de tête ou son refus pour les vêtements que je lui proposais. De plus, voilà que je découvrais un univers absolument fascinant (univers qui m’avait été refusé puisque, trente ans plus tôt, j’avais donné naissance à un garçon): rubans et pinces pour les cheveux, bracelets et colliers, parapluies, petites bottes de pluie, maillots de bain une pièce et deux pièces, robes, cache-cœurs, fichus, chapeaux à large bord, etc.  Bref, tant de petites choses qui attirent l’œil d’une princesse en devenir.
 
Pendant nos pérégrinations, je découvrais ma petite Lili autrement et en même temps, je retrouvais une phrase que j’avais oubliée sous une épaisse couche de poussière...
 
«Attends une minute!»
 
Et dans la bouche de la mignonne, ça sonnait ainsi : « Attends oune minoute! »
(Trop «cute», vraiment!)
 
À cet instant, j’ai vite compris pourquoi j’avais rangé si précieusement et de façon si inaccessible ce souvenir.
 
Le temps est relatif. «Comme vous aviez raison, Monsieur Einstein!»
 
Pour Lili, « oune minoute » représentait probablement une seconde ou deux, tout au plus. Mais pour moi, c’était l’équivalent d’une éternité. Lorsque, accroupi (par marque de déférence à l’égard de Son Altesse), on attend avec le vêtement entre les mains que madame la Marquise daigne s’approcher pour essayer ledit vêtement, je vous assure que cette minute s’apparente à une heure.
 
Et pendant que la belle furetait du côté des maillots de bain, replaçant au passage les cintres et les vêtements, je songeais à ma jeunesse. Combien de fois avais-je utilisé cette expression? Des millions de fois! Et comme je n’étais pas la seule à la maison à l’utiliser (vous vous rappelez? J’ai trois frères!), je me suis demandé comment mes parents avaient survécu à tout ce temps d’attente.
 
Aujourd’hui, ils ont les cheveux blancs… Ça explique bien des choses.
 
— Viens finir tes devoirs!
 
— Minute!!!
 
— Viens essuyer la vaisselle!
 
— Dans une minute!!!
 
— Va te coucher!
 
— Oui, oui, le film finit dans une minute!!!
 
Et c’est drôle, on le savait qu’en disant une minute, cela en prendrait dix, quinze, voire vingt minutes. On était loin de l’effet « Wow! » qui s’opère à l’inverse : on annonce dix minutes d’attente et, ô surprise, le service est rendu au bout de trois minutes.
 
C’est comme dans les films : la bombe doit être désamorcée, et il ne reste qu’une minute avant qu’elle n’explose. Eh bien, ces soixante secondes durent au bas mot, cinq minutes! Alors, pourquoi ne pas mettre le chrono à cinq? Ce serait plus réaliste et moins… relatif!
 
Une minute passe vite pour celui qui éprouve du plaisir. Et beaucoup plus lentement pour celui qui n’en a pas. C’est connu. Ce n’est pas pour demain matin que le « Attends une minute! » va disparaître de notre bouche et de celle de nos enfants. Alors aussi bien s’y faire et prendre ce temps d’attente avec légèreté.
 
Bon, c’est maintenant le temps d’un savoureux café. Mais avant, j’ai un article à écrire. Attendez-moi, ce ne sera pas long. À peine une minute
 
Bonne semaine tout le monde!
 
Jocelyne Gagné (Mésange)

4 commentaires:

  1. bonjour mésange... comme le temps est relatif...il faut atteindre un "certain temps" pour le découvrir avec les petits enfants !
    je te souhaite de passer beaucoup de temps avec ta princesse Lili

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    1. Bien dit, Josette! Avec les tout-petits, on suit un cours de vie en accéléré!
      Merci pour tes bons mots... Ta visite est toujours un vent de fraîcheur!
      À très bientôt! xox
      P.-S. Princesse Lili a plusieurs "sujets"; tous, on se prosterne devant tant de candeur... ;-)

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  2. Attends une minute , ne pars pas tout de suite ma douce amie, j'ai quelque chose à te dire .) Que de souvenirs nous rappelle cette phrase,à nous les mamans. Nous l'avons effectivement entendue des centaines de fois et redites aussi tout autant. Ce matin ,ta réflexion sur le sujet ouvre en moi le livre de mes souvenirs avec mon fils et inutile de te dire ,le bonheur que j'éprouve d'entendre en moi sa petite voix me disant : ''minute maman ''. Combien de fois , lorsque ces mots prononcés par nos enfants nous exaspèrent,car dans la tumulte de nos 1000 tâches journalières,ils nous paraissent si interminables. Et pourtant si nous prenions le temps... il ne nous semblerait jamais si long.Vivre le moment présent afin d'y savourer pleinement chaque instant, remet toute la notion du temps en perspective.Être bien au moment présent ne représente pas un état d'attente qui nous paraît long , mais bien au contraire , le temps nous paraît court puisque nous aimerions que ce moment de bien-être se poursuivre. Prenons donc le temps...il est si porteur de bonheur . Bonne journée belle amie . Câlins xxx

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    1. Chère Andrée,
      Je me laisse surprendre par tes mots qui me rappellent l’importance de l’instant présent. C’est si beau ce que tu as écrit et plein de vérités. Le temps est fragile, aussi délicat qu’une bulle de savon. Il faut savoir le contempler, l’entourer de soins et de douceur, le rendre léger et accessible. Je dis « il faut » mais je préfère dire « je veux ». Car dans ce mot, il y a un désir de passer à l’action et de prendre plaisir à ce que l’on fait.

      Oui, je veux «prendre le temps ». Je veux que ce temps, comme tu le dis merveilleusement bien, soit porteur de bonheur.

      Merci Andrée pour cette belle tranche vie que tu nous partages. Merci pour ta visite qui me fait chaud au cœur.

      Bonne semaine chère amie xoxox

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