Ah! je sens que je vais choquer vos yeux! Voyez le bon côté des choses : je vais épargner vos oreilles…
Et c’est parti.
J’ai délaissé les journaux et la télé pour de nombreuses raisons. D’abord, on nous montre que le pire de la société. Et le fait de lire ou d’écouter ces nouvelles déprimantes ne m’aide pas à changer le monde. Au contraire, mon moral tombe en chute libre et m’empêche de poser une action véritable. Une action qui, combinée à celles des autres, ferait une réelle différence dans notre société. Ensuite, on nous montre à réagir et non à agir!
M’enfin, là n’est pas la question. Revenons à nos moutons, voulez-vous?
Dernièrement, j’ai vu passer sur les réseaux sociaux une vague de protestation assez houleuse sur le voile porté par les musulmanes et des caricatures entourant nos élections montrant des citoyens faisant la queue devant le bureau de scrutin avec le visage couvert de toutes sortes de choses, les rendant ainsi méconnaissables. Oui, ça choque! J’espère qu’on va se réveiller... pour les bonnes raisons.
Pendant qu’on s’énerve pour le voile féminin, on ne s’inquiète pas de la femme québécoise qui travaille (souvent jusqu’à l’épuisement) et essaie de trouver une garderie pour le p’tit dernier et de l’aide pour son plus vieux ayant des difficultés d’apprentissage. Tandis qu’on se plaint que d’autres races occupent nos bancs d’école, on ne remarque pas que nos jeunes désertent les universités. Et pendant s’égosille à crier sur tous les toits qu’on se fait envahir par d’autres cultures arrivant par bateau et qu’on ne sera plus maître chez nous, on oublie de prendre notre place dans notre propre pays. Commençons donc par aller voter, à parler le français et à encourager le « local ». Et quand je dis encourager le local, c’est aussi encourager le Québécois qui réussit. Et ce n’est pas parce qu’on est d’un naturel « chiâleux », mais bien d’un tempérament « envieux »!
Ah! je sens que je vous choque… Eh bien, choquez-vous!
On regarde dans la cour de l’autre, oubliant de regarder la sienne. «As-tu vu son gazon? My God, c’est rendu du foin! Qu’est-ce qui l’attend pour le tondre et puis, as-tu vu? Il y a de grosses taches décolorées un peu partout. C’est clair : il est infesté de vers blancs. Faudrait pas que ses vers traversent la clôture! » Aie! Ça va faire! Regardons un instant notre cour… Honnêtement, est-elle mieux entretenue que celle du voisin? J’en doute!
Je ne dis pas qu’il faut fermer les yeux sur une culture dont on ignore tout, sur des gens qu’on ne connaît pas. Je ne dis pas qu’il faut se laisser faire sans réagir, mais faisons-nous TOUT ce qu’il faut pour assurer à nos ressources, à notre culture, à notre langue une belle longévité? (Je ne parle pas de protéger ce que nous avons, car nous ne sommes pas en danger… Euh, le sommes-nous?) « Le gouvernement ne nous aide pas! Il fait tout pour nous nuire! » protestent plusieurs d’entre vous. Alors, retroussons nos manches! Depuis quand on attend que Papa Gouvernement nous nourrisse à la petite cuiller. Et vous êtes surpris qu’il n’a pas pris le temps de vous faire faire un p’tit rot?
Ben voyons!
J’ai cessé de m’abrutir de pessimisme et de voyeurisme (dans un sens plus large) pour me tourner vers une démarche plus constructive : l’action. Si je veux que les choses changent, il va falloir que je me mette à changer. Je vais sortir de chez moi, et je vais aller à la rencontre des jeunes sur ma rue. Je vais leur parler, leur donner le goût du travail, leur insuffler le désir de changer le monde. Et j’irai plus loin. J’irai voir ces femmes voilées et j’irai leur parler. Je leur dirai combien mon pays est beau, ma culture colorée et intéressante, combien ma langue est chantante. Je m’assoirai avec elles pour leur apprendre à aimer notre quartier, notre ville, notre pays.
Une personne peut changer le cours des choses. Imaginez l’avenir si on s’y mettait tous ensemble…
Bonne semaine tout le monde!
Jocelyne Gagné
(Mésange)