Les dessous de la communication

Dernièrement, j’écoutais une petite conversation à une table voisine dans un restaurant. Non, n’ayez crainte, ce n’est pas de vous dont il est question, mais d’une majorité de couples qui vivent des hauts et des bas. Le sujet de leur échange ou plutôt de leur débat tournait autour d’un même axe : les toujours et les jamais. «Tu fais toujours tout de travers! Tu ne comprends jamais rien! Je ramasse toujours tout derrière toi! Je ne suis jamais consultée dans les décisions! Tu dépenses toujours trop! Tu ne penses jamais à mon anniversaire!» et ainsi de suite jusqu’à l’infini. Et l’élément sur lequel les deux antagonistes butaient était le délicat soutien-gorge à sécher sur la poignée du placard situé dans le salon du sous-sol.

 

[Madame]: Ben quoi? Il est dans le sous-sol! Qu’est-ce qui te dérange autant?
 

[Monsieur]: Justement, si du monde venait à se pointer, t’as idée de ce qu’ils vont penser?
 
[Madame] : Où veux-tu que je le mette? Tu refuses toujours d’installer une corde pour le séchage!
 

[Monsieur]: Évidemment! De quoi ça aurait l’air une corde qui nous pendouille au-dessus du nez pendant qu’on regarde la télé?
 

[Madame]: Justement, si tu avais rapetissé la taille du salon, j’aurais eu une pièce à moi pour suspendre ce genre de truc!
 

[Monsieur]: Mais c’est toi qui voulais un écran géant à ce que je sache! Faudrait que tu te fasses une idée! Argh, peu importe ce que je fais, ce n’est jamais à ton goût!

 

Les disputes conjugales ressemblent à un match de tennis où chacun riposte à la balle (au blâme) de l’autre. Et lorsqu’on en a marre de retourner à son adversaire l’objet de notre rancœur, c’est la raquette qui y passe signifiant ainsi qu’on a dit notre dernier mot.

 

Dites-moi, en agissant ainsi, est-ce qu’on a réglé quelque chose? Non, car ce que l’on voulait ce n’était pas régler un problème, mais le soulever. Bon, maintenant que Monsieur sait que Madame n’a pas de place pour sécher ses jolis dessous qu’il aime tant, que va-t-il faire? Désormais que Madame sait que cette habitude horripile au plus haut point son partenaire de vie, que fera-t-elle? Car dans les deux cas de figure, chacun sait ce que l’autre veut ou ne veut pas.

 

Eh oui, on y revient toujours : sans l’action, rien ne bouge, rien ne se règle. Parce que, voyez-vous, si une situation n’est pas réglée on pourrait presque croire que c’est de la mauvaise volonté de part et d’autre et que notre seul et unique but c’est de se disputer pour des futilités.

Dans toute chose, le fait de savoir ne suffit pas. Si l’on souhaite voir s’opérer des changements, il faut arrêter d’en parler et passer à l’acte. Si l’on désire l’harmonie, il faut pour cela renoncer à riposter pour tout et pour rien. Rangeons notre raquette de tennis bien sagement et mettons-nous à l’écoute de l’autre.

 

Au fond, ce n’est pas compliqué : si on sait, on fait!

 

Jocelyne Gagné (Mésange)