En faire toujours plus pour se rapprocher du bonheur, est-ce là le seul moyen pour y parvenir?
Lundi matin, le réveil vous indique qu’il est l’heure de vous lever, mais le cerveau, lui, proteste. Vous sortez du lit misérablement. De toute évidence, les lundis ne devraient jamais exister. Le pas alourdi par le poids de la contrainte, vous vous dirigez petit à petit vers la salle de bain où machinalement vous plongez tête première sous l’eau chaude. Les yeux fermés, le corps enveloppé de vos bras, vous profitez de la délicieuse chaleur qui vous caresse. Vous savourez ce moment comme si le temps n’avait plus d’importance. La tête dans l’embrasure de la porte, votre chéri vous incite à changer de vitesse, car vous allez définitivement manquer de temps. Zut!
Nue comme un ver emperlé de fines gouttelettes, le corps granulé de chair de poule, vous foncez vers la penderie. Quel vêtement porter? Au diable, vous prenez n’importe lequel et dans votre hâte, vous ne remarquez même pas que vous avez enfilé un soulier brun et un soulier bleu. Oups! À la cuisine, c’est la panique : un coin de pain grillé entre les dents, un café qui refroidit à l’extrémité du comptoir et vous voilà en train de préparer en vitesse les sacs-repas de tout le monde. Sauf le vôtre. Je dînerai au resto si j’ai l’temps! Le café dans une main, vous poussez allègrement les enfants vers la sortie attrapant au passage votre serviette, et sur le pas de la porte on vous regarde la bouche grande ouverte et la queue remontée… Argh! Pas l’temps! «Chéri? Occupe-toi du chien, OK?»
Vous sautez dans votre véhicule et démarrez à toute allure; vous êtes déjà en retard! Arrivée au bureau, un employé vous bouscule et par inadvertance éclabousse votre beau chemisier qui vient de passer du blanc au beige moucheté. Soupir. La réunion est devancée et vous n’êtes pas prête; ce n’est pas nouveau. Vous vous dites que vous allez improviser, mais cette fois-ci, ce sera plus difficile, car tous les chefs de service seront présents. Double soupir.
Mais dites-moi, à quoi rime cette course?
Faites un arrêt complet et regardez la situation bien en face: pourquoi courez-vous? Probablement pour vous prouver que vous êtes la seule femme au monde capable de réaliser cet exploit ou encore pour être aimée et estimée de votre famille, de vos amis, de vos pairs, et leur refuser quoi que ce soit, ce serait perdre l’affection, la considération qu’ils vous témoignent. Finalement, il se peut que vous agissiez ainsi parce que vous craignez l’opinion des autres : «Mais qu’est-ce qui te prend, t’es malade? Pas question de ralentir. Go! Go! Go!»
Depuis le début des temps, l’homme sait que devant un danger, il y a deux réactions possibles : l’affronter ou le fuir. Puisque la femme a été conçue selon les mêmes normes de fabrication que ce dernier, les réflexes devraient être les mêmes. Donc, si c’est pour fuir un danger dont vous ne vous sentez pas en mesure d’affronter pour x raison, courir est alors la meilleure option. Sinon pourquoi?
L’athlète, lui, court pour une tout autre raison : il veut gagner. Cette course lui permet de déployer un effort considérable durant un laps de temps déterminé. Pour ce faire, il mobilise ses muscles, son énergie, sa concentration afin de réaliser ce tour de force. Tout converge vers un seul but : se rendre à la ligne d’arrivée avant ses adversaires. Et quand il y arrive, il sait que toute cette longue préparation a servi à obtenir le prix auquel il a tant rêvé. Si courir vous permet d’avoir la vie que vous désirez, alors courez. Sinon pourquoi?
Fuir constamment les dangers ou courir sans arrêt à la poursuite du bonheur, ce n’est pas une vie! Si vous voulez obtenir ce que vous voulez, il suffit de mettre un frein à cette course épuisante et de faire le point :
• Établir ses limites ‒ L’athlète n’y arriverait pas s’il n’y avait aucune ligne d’arrivée. Il ne pourrait maintenir l’effort indéfiniment. Déterminez l’effort et le temps nécessaires pour obtenir ce que vous souhaitez et faites-le.
• Choisir ses batailles ‒ Il est impossible de livrer toutes les batailles; à un moment ou à un autre vous allez manquer de ressources (humaine, financière, temporelle) et surtout de motivation. Choisissez ce qui compte et agissez seulement sur ce qui a de l’importance à vos yeux.
• Affronter ses peurs ‒ Faites vos choix, prenez les décisions en fonction de vous et non pas en vous basant sur l’opinion des autres. Ceux qui vous affectionnent vraiment resteront; les autres, laissez-les partir.
• Se respecter ‒ À force de dire oui, on choisit la quantité au détriment de la qualité. Visez l’excellence et non l’exubérance dans tout ce que vous faites. On estime ceux qui se respectent. Osez dire non!
• Redonner une direction à sa vie ‒ L’éparpillement vous a certainement épuisée physiquement et mentalement, il est temps de donner un sens à votre existence afin de canaliser vos efforts dans une seule direction : celle de votre choix.
• Profiter du paysage ‒ Le fait de ralentir va vous permettre de capter ces instants magiques qui composent le quotidien le rendant ainsi moins ordinaire. Prenez donc le temps de vivre!
En terminant, songez au nombre de fois où vous êtes rentrée à la maison sans pouvoir vous souvenir des virages et des arrêts que vous avez faits durant votre parcours. Tout le long du trajet, vous étiez en pilote automatique, nullement concentrée à ce que vous faisiez, mais plutôt à ce que vous pensiez. Il serait peut-être temps de ralentir la course et d’être présente de corps et d’esprit à ce que vous faites, vous verrez alors que le bonheur, loin d’être à des années-lumière d’où vous êtes, est là tout près, attendant d’être savouré si on se donne la peine de s’arrêter.
Jocelyne Gagné
(Mésange)
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