[Maxime, 3 mois - Photographie de Guy Fontaine, 2005] |
Être parents trop tôt – Parfois nous l’avions prévu, souvent ça nous prend par surprise. Pas étonnant que nous ne sachions quoi faire avec cette petite chose qui hurle à tout moment ! Nous finissons par nous adapter à ce qu’on croyait impossible au départ. L’enfant se transforme à vue d’œil, progressant plus rapidement que notre capacité d’adaptation. À peine avons-nous le temps de dire : « S’il peut marcher au plus vite » que déjà il court!
Nous sommes si jeunes pour être parents, à peine sortis de l’université, l’épaule encore creusée par le poids du sac d’école. Nos parents auraient dit : « Des enfants qui éduquent un enfant! ». Il faut se l’avouer, ils n’avaient pas tout à fait tort, mais le bon côté de nos vingt ans nous a permis de comprendre son mode de pensée, le siècle dans lequel il baigne puisque cette génération n’est pas si loin de la nôtre.
Nous avons fait les choses trop tôt certes, mais on l’a fait! Et quand le deuxième est arrivé, on croyait avoir maîtrisé ce qui nous faisait défaut au premier prototype et voilà que le canevas est tout autre! Nous devons retourner à la table de travail et tenter de comprendre le deuxième essai. Lui ou elle a décidé de fonctionner autrement du premier. En bout de ligne, la seule chose qui nous a servi c’était la connaissance de base, le reste, on l’a balancé par-dessus bord et on a recommencé.
On l’a refait, mais ce n’est pas certain qu’on le referait!
Être parents trop tard – La carrière a pris toute la place, les ans se sont écoulés. Nous avons bien vécu notre jeunesse mais voilà que le système d’alarme de Madame se déclenche à l’approche de la quarantaine : « Ça nous prend un bébé! », dit-elle. Pas un véhicule de l’année, pas la nouvelle télé HD ni un motorisé mais un mignon petit poupon tout rose au sourire béat, tel un ange. Sincèrement, ce genre de bébé n’existe que dans les encyclopédies pédiatriques ou sur les sacs de couches! Qu’importe, nous sommes aux oiseaux. Ce modèle de bébé doit arriver bientôt. La bourse est desserrée pour le premier et tout dernier enfant. Étant plus âgés, nous avons l’expérience. Pour ce qui est des connaissances, nous avons lu tous les manuels d’emploi sur l’utilisation d’un nouveau-né.
Le bébé est arrivé. C’est le désarroi total! Il n’est pas conforme à la commande : il dort peu, il pique des colères, par moment il empeste, il n’est pas aussi rose qu’on l’avait espéré et ses cheveux… mais où sont ses cheveux? Bon, c’est clair nous ne pouvons pas le retourner, ça va de soi. Nous allons tout de même tenter de le rendre conforme. On marche sur la pointe des pieds, on débranche tous les appareils électriques et on éteint toutes les sonneries. Bref, nous arrêtons de vivre pour être sûr que bébé dorme et qu’on retrouve notre vie d’avant. Au fait, que disait le livre Nouveau-né pour les nuls à propos des dents et des cheveux? Ah oui, des jouets à gruger et de la mousse coiffante. Pfiuuu! Norme ISO atteint!
On l’a fait trop tard mais on l’a fait!
Être parents dans le cœur – Parfois c’est la nature qui n’a pas voulu, refusant délibérément ce cadeau du ciel. Il n’y a pas de raison qui explique cet état de fait. Nous avons accompli tout ce qui était humainement faisable, laissant au divin sa part de travail. Le divin est resté sourd à notre requête, ne s’est pas attelé à l’ouvrage, n’a pas livré le produit. Le pourquoi, jamais on ne le saura. Alors, nous nous sommes tournés vers autre chose car on sentait bien qu’on avait le cœur d’un père ou d’une mère. Nous avions de l’amour en surplus, du temps à investir et de la patience à témoigner. On s’est trouvé une association, une cause, un projet, une idée et on l’a adopté. Nous avons décidé de passer les dix, voire vingt prochaines années à travailler sur ce projet de vie, d’y mettre le temps nécessaire, les efforts requis et la patience tout en essuyant quelques revers. On s’est retroussé les manches et on a regardé droit devant. Nous avons choisi d’être parents autrement!
On l’a fait sans enfant mais on l’a fait!
Bref, la perspective d’être parents et/ou grands-parents c’est d’avoir envie de s’investir dans quelque chose qui nous tient à cœur et de voir ce petit quelque chose grandir avec une part de nous à l’intérieur. Peu importe le quoi, le quand et le comment, le plus important c’est de l’avoir fait et d’avoir envie de le refaire encore et encore.
Moi je retourne à mes devoirs. Non, je ne vais pas agrandir ma famille; je vais plutôt travailler sur mon livre, soigner mes fleurs, gratter ma guitare et qui sait, embrasser la cause que je préfère: ma famille!
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Mésange
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