Attention à la marche!


[Photographie tirée de Dreamstime]
«Facile d’accès ne veut pas dire sécuritaire.»

Avant que l’hiver nous quitte définitivement, j’ai décidé d’aller me balader dans le parc des chutes Dorwin. J’étais certaine que la couverture hivernale serait encore présente sur ce site enchanteur et que la crue des eaux serait impressionnante. Arrivée sur les lieux, je constatai que les pistes dans le bois étaient encore recouvertes de cette belle neige tombée la veille, cependant c’était loin d’être le cas pour le sentier menant aux chutes. Celui-ci était quasi impraticable tellement le redoux avait rendu le terrain boueux. J’ai avancé sur la pointe des pieds, les yeux fixés ailleurs pour ne pas voir cette mélasse adhérer à mes belles chaussures et en quelques pas, je pouvais enfin observer la nature en pleine débâcle. Wow !
 
Nullement rassasiée de cette superbe vue, je voulais en voir davantage et tout naturellement mes yeux se sont tournés en bas de l’escarpement, là où une autre plate-forme s’accrochait farouchement à la falaise bravant les tourbillons tumultueux. Pour accéder à ce point de vue, il fallait emprunter un escalier tellement couvert de neige qu’on ne voyait plus les marches. Mon mari a bien vu ma mine déconfite, mais aussi cette étincelle dans le regard qui signale que rien ne peut m’arrêter. Mettons les choses au clair : ce que nous étions sur le point d’entreprendre ce n’était pas une descente à la verticale mais plutôt à l’horizontale avec quelques culbutes et gémissements en cours de route.



Harnachée de ma caméra et de mon trépied, j’amorçai la descente en cherchant autant que possible à conserver mon corps perpendiculaire aux marches. Même aidée de la rampe, la partie était loin d’être gagnée, et ce que je craignais le plus ce n’était non pas l’instabilité de mon pas mais celle de mon compagnon qui me suivait derrière, escorté de quelques téméraires. Je me sentais comme une quille dans une allée de « bowling »; si l’un d’eux perdait pied, il ne me restait qu’à apprendre à voler sans cours de pilotage !

Vite, vite, vite en bas, ça urge !
 
Ouf ! En regardant l’escalier, je réalisai soudain que l’entreprise avait été périlleuse. Malgré tout, le spectacle qui m’attendait valait tous ces efforts : c’était vraiment magnifique ! J’ai réussi à prendre quelques photos et à contempler jusqu’à satiété ce que la nature avait à offrir si généreusement.
 
Comme vous vous en doutez, ce que nous avions descendu, il fallait le remonter. Je ne sais pas combien de temps j’ai fixé cet escalier du diable mais assez longtemps pour que la neige fonde sous mes pieds. Au moment où je réussis à rassembler mon courage, des enfants se sont mis à glisser dans l’escalier, écrasant davantage la neige et rendant la remontée impossible à effectuer. Soupir. Je restai là, cherchant une autre solution. Attendre la fin du printemps ? Remonter la chute à la nage ? Grimper à travers le boisé enneigé ? Soupir. À cet instant, une dame me suggéra d’emprunter un sentier plus étroit qui se déroulait à travers les bois. Certes, la randonnée serait plus longue, mais beaucoup moins laborieuse pour atteindre les hauteurs. Ce que je fis, trop heureuse d’échapper aux grotesques solutions de rechange.
 
Arrivée au sommet, j’ai compris deux choses :
  1. Le chemin le plus fréquenté n’est pas forcément plus facile d’accès ni plus sécuritaire.
  2. Le chemin le moins fréquenté n’est vraiment pas plus difficile.
Trop souvent, on emprunte la route que tout le monde prend sans trop s’interroger. On se dit que c’est probablement le meilleur chemin et on suit la masse les yeux fermés. D’une certaine façon, c’est sécurisant. Mais est-ce que ce chemin convient à vous, à moi, aux autres ? Probablement pas. Il faudrait peut-être sortir des sentiers battus, envisager d’autres options, voir plus loin pour savoir s’il n’y aurait pas d’autres possibilités mieux assorties à notre besoin, à notre désir du moment. En cherchant non pas un chemin mais son chemin, on trouvera une route adaptée à notre pas, à notre rythme, à notre désir de grandir à chaque foulée, à chaque ascension ou descente.
 
Bonne et belle semaine tout le monde !
 
Mésange

8 commentaires:

  1. Voilà une expérience qui t'a rendue philosophe. Tu nous montreras les photos de la chute d'eau ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Chère Amartia, si le fait de tirer des leçons de nos expériences fait de nous des philosophes, alors nous le sommes tous! Pour ma part, il arrive que certaines leçons reviennent plus souvent peut-être parce que j'ai peu de mémoire ou encore parce que j'aime revivre l'expérience :-)

      Bref, j'ai ajouté les photos des Chutes Dorwin. Merci de m'y avoir invitée! Bonne fin de semaine!

      Supprimer
  2. J'aime beaucoup la conclusion que vous tirez de votre petite aventure et je partage entièrement votre avis. Moi aussi j'espère voir les photos de la chute d'eau. Je vous souhaite une agréable semaine, Mésange, malgré les intempéries au Canada. A bientôt!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci chère Anne. Les photos sont maintenant sur le blogue! Je vous souhaite une belle fin de semaine remplie de douceur!

      P.-S.: Même si une tempête de neige s'en vient, le soleil va faire fondre le tout en quelques jours seulement... Parce que du "blanc" on n'en veut plus!

      Supprimer
  3. Hello Mésange ! ce n'est pas si courant que je m'arrête chez toi et je le regrette tant il y règne une sorte de douceur dynamique. Les mots apparemment antinomiques sont très parlant pour moi. Désormais, je me le promets, je suivrai tes traces dans la neige tout en m'efforçant de trouver mon propre chemin (sourire...). La conclusion de ton billet est des plus vraies. Il est cependant parfois intéressant de réfléchir au chemin suivi par les autres et trouver ainsi son propre chemin. Je t'embrasse. A bientôt.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Chère Malou, tes mots me réchauffent le coeur! Merci infiniment.

      J'aime bien ta proposition de "réfléchir au chemin suivi par les autres" - qui sait, il y a peut-être des petits bouts de route qui pourraient nous convenir! Ça vaut la peine d'essayer n'est-ce pas?

      Je t'embrasse ma douce Malou et te souhaite un agréable week-end!

      Supprimer
  4. Coucou Mésange. De multiples occupations et préoccupations m'ont éloignée des blogs et il y a bien longtemps que je n'ai pas foulé la neige à tes côtés... ;-)
    C'est après avoir découvert tes photos des chutes de Dorwin sous la neige que je suis venue lire cet article. Tu parles de façon très poétique de cette balade et ton côté intrépide m'a bien fait sourire...
    En tout cas cet escalier dangereux et les glissades dans la neige valaient sans aucun doute le point de vue de ces chutes enneigées. L'hiver s'attarde chez toi encore plus que chez nous et tu dois être impatiente comme nous le sommes de voir de jolies petites feuilles vertes dans les arbres.
    Je te fais de gros bisous et te souhaite une très belle fin de semaine.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Chère Oxy, tu n’es pas la seule à vivre cet éloignement de la blogosphère… Certains projets exigent de moi temps et concentration et du coup, me voilà en train de négliger mes copinautes. Soupirs!

      J’aurais bien aimé prendre quelques clichés de cet escalier, tu aurais vu mon côté intrépide. C’était de la vraie folie, je t’assure!

      L’hiver vient de nous quitter définitivement… Youppi! Exceptionnellement, au moment où je t’écris ces quelques lignes nous avons des températures très au-dessus de la moyenne : 23 degrés… Wow! Ça donne envie de s’installer sur la terrasse avec un petit verre de rosé! ;-) Pour ce qui est de feuilles, elles tardent! Je vois juste la tête de mes tulipes et elles hésitent encore; je les comprends, la météo est tellement changeante!

      Ta visite est pour moi un plaisir que je savoure longtemps, n’hésite pas à revenir! Plein de bisous pour toi et la petite famille.xXoXx

      Supprimer

Pourquoi garder le silence si vos mots peuvent construire, embellir et aussi changer le monde? Exprimez-vous!