Retrouver ce que nous avions égaré c’est possible, mais parfois nous n’avons d’autres choix que de faire le deuil de ce que nous avons perdu.
Un jour ou l’autre, on a toutes besoin de faire un pied de nez à la routine, de s’exiler loin des enfants, du mari, du travail et des responsabilités. Besoin de se retrouver avec soi-même pour savoir ce que l’on veut, pour revalider ses choix et la direction de sa vie, pour faire le point afin de retrouver l’équilibre perdu. Nul besoin de claquer la porte, d’envoyer valser la belle porcelaine contre le mur ou de bombarder son conjoint de ses ras-le-bol, un simple énoncé suffirait. Pourtant, notre cri de détresse est tellement chargé d’émotion qu’il finit par brouiller le message que l’on voulait émettre. Alors personne ne nous comprend et on passe facilement pour une excentrique ayant besoin de mettre le feu à sa perruque pour attirer l’attention.
Pendant un certain temps, on a accumulé certaines frustrations issues de situations que l’on n’a pas su dénouer convenablement, de conversations qui nous ont blessée par leur acidité contribuant à nous brûler de l’intérieur, de déceptions que l’on a tenté d’adoucir, mais ayant laissé tout de même de profonds sillons dans l’âme. On a préféré étouffer le besoin de s’exprimer pour ne pas blesser ou chagriner ceux qu'on aime, pour ne pas éveiller le mécontentement chez les autres, car l’harmonie de la maison comptait plus que notre propre désir d’être écoutée, rassurée et comprise. Cependant, il vient un jour où trop, c’est trop! Une heure avant, tout allait bien et puis tout à coup, plus rien ne va. Que s’est-il donc passé?
On est en situation de déséquilibre. Un des côtés du balancier pèse trop lourd et on souhaite l’alléger le plus vite possible. C’est inconfortable, intolérable, presque impossible à vivre ! On veut un changement radical, immédiat, apparent. La première solution qui nous viendrait à l’esprit serait de partir en voyage ou en exil, autre part uniquement pour se soustraire de ce qui nous appesantit. Dans le fond, on a besoin d’une pause sans justification. Cette crise passagère serait mieux vécue si on n’était pas forcée d’expliquer le pourquoi on en est arrivée là. La remise en question, on préférerait la vivre seule et non pas avec le conjoint, les enfants, la famille, car tout ce dont on a besoin, c’est un moment de décompression.
À propos, quelle est la cause de tout ce remue-ménage interne? L’oubli de soi par amour, par générosité, mais aussi par culpabilité. « Si les femmes avant nous l’ont fait, on doit forcément le faire! » On a tout misé sur les nôtres c’est-à-dire bien-être, confort, sécurité, épanouissement, développement, réussite. Et nous? Nous ne faisions pas partie de l’équation. Maintenant, on réalise que les années ont passé et que la beauté de notre jeunesse n’est plus. Qu’en est-il de nos rêves? Se sont-ils fanés comme ce visage que l’on ne reconnaît plus dans le miroir? Et puis, si on était passée à côté de l’essentiel, de ce que l’on voulait de la vie un peu comme ces chercheurs d’or qui abandonnaient croyant avoir perdu définitivement le filon quand en fait, il se situait à moins d’un mètre d’où ils prospectaient. Et si…
On en est arrivée là; on ne peut ignorer cet état de fait. En revanche, rien ne nous oblige à faire voler en éclat notre beau château de cartes; quelques réajustements bien ciblés peuvent contribuer à nous remettre sur la bonne voie, mais avant d’entreprendre quoi que ce soit, on doit faire une pause. Avec du recul, on pourra considérer le problème avec lucidité.
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Se retirer pour un tête-à-tête avec soi-même. Un temps d’arrêt est nécessaire pour évaluer l’étendue des dégâts, la somme de ce qui a été si longuement négligé.
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Noter ce qui fonctionne bien. Fixer son attention tout d’abord sur le positif, ensuite sur les points à améliorer, à changer ou à éradiquer de sa vie tout en demeurant objective. Cela peut sembler difficile, mais il faut se détacher émotionnellement d’une situation si l’on souhaite la redresser.
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Consulter au besoin une personne de confiance ayant un jugement sûr et une tête solidement ancrée sur les épaules.
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Prendre des décisions avant tout pour soi et s’y tenir.
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Ouvrir le dialogue avec le conjoint et les enfants sur les changements que l’on souhaite apporter avec leur collaboration.
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Établir ensemble les actions à entreprendre qui conviennent à tous.
À coup sûr, les membres de notre famille ne vont pas accueillir ces bouleversements sans broncher, mais l’oubli de soi a assez duré, et c’est mine de rien que l’on reprendra contact avec soi-même. En usant des mots magiques tels que patiemment, posément et progressivement, on ne pourra rien nous refuser.
Si la vie que l’on a choisie nous pèse, il faut y remédier soit en retournant sur nos pas pour savoir à quel moment et pourquoi on a perdu notre légèreté, et ainsi tenter de retrouver cette agréable sensation, soit en faisant le deuil de ce qui fut en passant à autre chose. Plusieurs avenues sont possibles, c’est à nous que revient la décision de choisir ce qui convient le mieux à notre situation, à notre bien-être et au contexte familial dans lequel on évolue.
Sans ce moment de crise, jamais on n’aurait pu prendre conscience du problème dans lequel on s’enlisait. Cette remise en question n’était que le signe d’un malaise plus grand. Maintenant qu’on sait ce que l’on doit faire, reste à savoir ce que l’on veut faire. Ce retour vers soi est loin d’être un acte égoïste, mais plutôt un geste d’amour envers soi-même. Et en pensant à soi, on pourra mieux écouter, aimer et soutenir les autres et ainsi retrouver sa juste place dans cette vie qui est la nôtre.
Besoin d’air, besoin de changement, besoin de prendre soin de soi juste un instant…
Jocelyne Gagné (Mésange)
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