Tout finit par se savoir...

Les secrets - que de mystère les entoure et pourtant, c’est tout ce qu’il y a de plus commun. Tout le monde a la possibilité d’en posséder un, de le cultiver, de l’entretenir et chacun a le pouvoir de le... révéler.

Depuis la nuit des temps, les secrets ont eu la vie dure, la preuve : nos livres d’histoire sont truffés de secrets qui ont été percés, dévoilés, mis à jour. Déceler ce qui est caché ne relève pas de la magie, mais de l’avidité du genre humain d’avoir quelque chose à raconter.

Combien de fois vous est-il arrivé de faire des confidences à des gens en qui vous aviez une confiance absolue? Plusieurs fois, je présume. À l’inverse, combien de fois vous a-t-on confié un secret avec la mention de ne pas le diffuser? Bien entendu, vous avez cessé de faire le décompte!

Et que dire de ces petites phrases servant de préliminaire aux confessions:

« Je te raconte cela, mais n’en parle à personne! »

« Si cela se savait, ça me mettrait dans l’embarras, alors garde ça pour toi! »

« Ne dis pas que je te l’ai dit! »

Que de secrets mal gardés!

Vous ne me croyez pas? Alors, répondez franchement à ces deux questions :

Q1. Croyez-vous sincèrement que les révélations ainsi confiées seront conservées à double tour dans la mémoire des gens, que jamais elles ne franchiront leurs lèvres scellées?

Q2. Êtes-vous sûr à cent pour cent que votre secret mourra avec la personne?

Je m’en doutais bien; vous non plus n’y croyez pas!

On ne peut empêcher l’humain d’être… humain! Il a ses faiblesses et ses travers. Par exemple : le fait d’accepter le secret de quelqu’un d’autre confère à l’individu un certain pouvoir. D’ailleurs, le précieux secret qui a été confié sera protégé, inaccessible, à l’abri des importuns dans son coffre-fort mental. Personne d’autre n’y aura accès. Cependant, le réel danger ne vient pas du dehors mais du coffre en question : son système de verrouillage est défectueux ce qui veut dire qu’il y a possibilité de fuite et l’information risque de s’échapper par inadvertance. C’est à cet instant que s’enclenche l’engrenage; le secret dévoilé devra encore une fois être gardé secret dans un autre coffre-fort tout aussi douteux que le précédent. C’est une véritable réaction en chaîne qui s’en suit. Au bout du compte, aussi bien faire une déclaration publique; au moins les faits ne seront ni déformés, ni amplifiés!

L’humain n’est pas fait pour conserver des confidences jusque dans la mort, alors pourquoi les accepter et surtout, pourquoi les partager? Si vous avez besoin de vous confier, faites-le tout simplement et gardez en tête que vous n’êtes pas dans un confessionnal, que l’épaule sur laquelle vous vous épanchez n’est pas celle d’un professionnel lié par un serment quelconque. Acceptez que l’humain soit humain. Donc, oubliez l’idée ou le concept même du secret qui n’en est plus un au bout de quelques minutes à peine!

Peu importe les mises en garde et les précautions: tout finit par se savoir…

Si vous louangez une personne ou colportez des faussetés à son endroit - tout finit par se savoir. Dans la première séquence, vous serez heureux qu’on vous félicite de vos propos mais dans la seconde, vous passerez pour un bel idiot!

Dites du bien des autres et si vous en pensez du mal, que cela reste une pensée. Faites du bien aux autres et si vous leur faites du tort accidentellement, offrez humblement vos excuses. En agissant ainsi, vous serez apprécié et respecté de votre entourage.

En résumé, si l’endroit où vous déposez vos biens (confidences) offre peu de sécurité, gardez-les avec vous, c’est encore plus sûr! Par ailleurs, les potins, c’est pour les gens qui n’ont rien de bon à raconter. Pour ce qui est de vos amertumes, laissez-les mourir d’elles-mêmes; le fait de vous confier ne guérira pas vos plaies. Au mieux, ça vous soulagera un moment, mais après vous en aurez des regrets, car tôt ou tard, tout finit par se savoir!

La prochaine fois que vous aurez envie de vous confier, rappelez-vous cette citation de Sénèque :

« Si vous voulez que l'on garde votre secret,

le plus sûr est de le garder vous-même. »

Mésange