Mais très chère, vous avez raison!



Tout récemment, j’ai eu une conversation animée avec ma mère concernant des insectes qui auraient fait la vie dure à un végétal. Elle insistait sur le fait que ces vilaines bestioles avaient réussi à endommager un de mes arbres, me forçant à le tailler drastiquement. De mon côté, j’avais beau creuser dans mes souvenirs, je ne voyais rien d’aussi alarmant qui m’ait poussé à abattre un arbre. Je m’entêtais à lui expliquer que – bien que sa mémoire était assurément bonne – jamais je n’avais vécu pareille expérience et qu’elle se trompait de victime. Certes, cette engeance avait dû causer des torts aux végétaux dans la cour de l’un de mes frères, mais pas dans la mienne. Évidemment, vous vous en doutez, le ton a monté, car toutes les deux nous voulions maintenir mordicus notre position; ni l’une ni l’autre ne voulant admettre que la mémoire avait failli à son devoir.
 
Après une discussion qui me sembla avoir duré une éternité et presque aussi supportable qu’une soprano s’acharnant sur une note aiguë, j’ai admis l’inadmissible : « Maman, tu as raison; ça me revient maintenant! » Mais nooon, ça ne me revenait pas du tout! Et le pire, j’étais en train de mentir!

Dès que cette courte phrase fut lâchée, étrangement, l’atmosphère se détendit et la bonne humeur revint.
 
Cet événement me fit réaliser ceci : non pas qu’il faille mentir pour mettre un terme à cette bagarre de position, mais le fait de lâcher-prise contribue à maintenir la bonne entente dans les échanges. Ainsi nous sommes certains de passer un bon moment en agréable compagnie. Dites-moi, est-ce si important d’avoir raison, d’avoir le dernier mot à toute discussion? Parce qu’une fois obtenu (si on parvient à l’obtenir après une lutte acharnée dans laquelle on y laissera peut-être quelques dents, l’os du nez et une poignée de cheveux), on peut faire le fanfaron durant cinq minutes, mais après? Eh bien rien. Les autres auront déjà changé de sujet, évitant cette fois-ci de nous inclure dans leur entretien. Et si on essayait plutôt d’éviter la discorde en étant tout simplement gentil ou gentille, en laissant à notre interlocuteur le privilège d’avoir raison? Ainsi on sauvegarderait l’harmonie et, de toute évidence, notre beau profil!
 
En somme, quand l’adversaire tire sur la corde, la meilleure chose à faire, c’est de lâcher notre bout. Après, on use de civilité et on l’aide à se relever.
 
Cette semaine, ma mère a téléphoné pour prendre des nouvelles et elle en a profité pour revenir sur cette histoire et comme c’est mon mari qui avait pris l’appel, je lui ai fait de grands signes, l’intimant de lâcher immédiatement le morceau.
 
« Oui oui, belle-maman, vous avez raison; ça me revient maintenant! »
 
Et puis comme le dit si bien Raymond d’Alost : « On a toujours tort d'essayer d'avoir raison devant des gens qui ont toutes les bonnes raisons de croire qu'ils n'ont pas tort ! »
 
Bonne semaine tout le monde et bon café!
 
Jocelyne Gagné (Mésange)

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