Un choix difficile?
Voyons voir...
On nous dit que nous sommes à l’ère
du sans-papier. Sans rire. Je pense qu’on se moque de nous. Je n’ai jamais vu
autant de documents papier dans une seule pièce! Et l'aspect à ne pas négliger lorsqu’on fait
du ménage dans nos documents, c’est la protection de certaines informations. On
ne peut plus jeter à l’aveugle des factures, des reçus de caisse, des relevés
bancaires, etc. On doit tout déchiqueter. Vraiment tout. Pourquoi? Parce que nous
ne sommes pas à l’abri du vol d’identité.
Et j'ai bien peur que, à ce rythme,
le ménage de toute cette paperasse prenne une éternité à faire.
Soupirs…
Le drame n’est pas tant mes documents,
mais bien ceux de mon défunt mari. Pour lui, tout était important. Tout,
je vous dis. Vraiment tout. Je me sens un peu gênée de jeter ce qu’il avait si
précieusement identifié, rangé, archivé. Ah! il doit en pleurer de me voir
ainsi vider les tiroirs, les placards, les bibliothèques presque sans
émotion. Après tout, ce n’est que du papier.
Enfin, pas tout à fait.
C’étaient des arbres auparavant. Des
arbres remplis de vie.
L’émotion qui m’habite durant ce
grand ménage obligé c’est la tristesse. C’est vrai, c’est affligeant de voir
autant d’arbres sacrifiés pour la formalité administrative. Ben oui, on imprime
au cas où l'on aurait besoin de prouver qu’on a bien reçu et payé une facture; on
imprime pour nos dossiers au cas où le vérificateur passerait pour nous poser
des questions sur nos transactions; on imprime en multiples copies juste au cas
où l'on ne se souviendrait plus de l’endroit où
l'on a classé nos documents.
C’est désolant, je vous assure.
Mon constat? Nous avons de
mauvaises habitudes.
On conteste haut et fort qu’on doit
protéger nos arbres avec des pancartes dont le carton provient de la fibre
naturelle des arbres. C’est un non-sens, vous ne trouvez pas?
Oui, le papier se recycle (là, on a
bonne conscience, hein?). Mais pour le recycler, on pollue.
Il serait peut-être temps de changer
de stratégie et de régler le problème en amont.
On est là à se plaindre que la
planète se meurt, qu’il faudrait que les grandes industries de ce monde (celles
dont les agents polluants ont un impact gravissime sur l’environnement et dont
les effets ont une incidence sur l’accélération du réchauffement climatique)
modifient leur façon de faire afin de préserver notre environnement. Et nous,
que faisons-nous pour sauvegarder cette vie qui s’épanouit sous nos yeux? Que
faisons-nous (individuellement parlant) pour diminuer la quantité de déchets produits quotidiennement dans
notre foyer? Que faisons-nous pour ralentir le réchauffement de la planète? Peu
de choses. On attend de voir ce que les autres vont faire… On se dit que notre
propre contribution est tellement minime qu’elle va passer inaperçue. Donc,
pourquoi s'affoler? Et notre conscience, elle, que nous dit-elle?
Les forêts (et les océans) sont les poumons de la Terre.
Sans poumons, le cœur de la vie cesse
de battre.
A-t-on besoin de tant de papier pour
prouver que l’on travaille fort, que l’on existe? A-t-on besoin de tant de
choses autour de nous pour se sentir important?
Non. Ce ne sont pas les objets, les
documents qui font en sorte que nous sommes quelqu’un. C’est notre attitude
face à nous-même, face aux autres, face à notre environnement qui fait de nous
des êtres importants (et conscients!) ou non. Le respect de ce que nous sommes,
de la vie qui nous entoure, de ce qui nous est donné, jour après jour. Oui, la
vie nous donne tout ce dont on a besoin. C’est nous qui voulons toujours plus et
encore plus de ce qui finira un jour ou l’autre par nous encombrer et nous
empêcher de voir l’essentiel, c’est-à-dire notre essence.
Alors voilà, je me débarrasse de ce
qui m’empêche de mieux vivre, de mieux être. Je recycle, je donne, je vends en
donnant une seconde vie à ce que j’ai jadis aimé et je pars du bon pied.
Ce qui était n’a plus sa raison d’être.
Je change. Les choses changent. La vie change… Alors, s’il y a moins de choses
autour, il y aura aussi moins de distractions. Je pourrai me concentrer sur ce
qui compte vraiment. Aimer, donner, m’émerveiller.
La paperasse? Non, merci.
Prenons de bonnes habitudes en
prenant soin de la nature non pas en recyclant le papier, le verre, le
plastique, etc., mais bien en faisant des choix éclairés au départ, en
répondant à la question : est-ce que j’en ai « vraiment »
besoin?
Comme moi, vous verrez; vous vous
contenterez de peu. Et le peu est beaucoup plus facile à ranger, à gérer et à
apprécier.
Bonne semaine tout le monde!
Jocelyne Gagné (Mésange)
P.-S. Où étais-je hier? Dans ma
paperasse. Là, j’en suis sortie… Enfin presque!