Chers lecteurs,
Revenant à mes bonnes vieilles habitudes, j’ai cru qu’il serait intéressant de vous faire part de mon expérience de la fin de semaine dernière. Non pas qu’elle fut extraordinaire ou déplorable, mais un détail anodin voire familier a pris des proportions gigantesques. Laissez-moi vous raconter...
Samedi dernier, le club de moto organisait un brunch. Plusieurs membres étaient au rendez-vous et comme d’habitude c’était un plaisir de se retrouver. À la fin du repas, les organisateurs en ont profité pour nous présenter les activités qui auront lieu cet été. Croyez-le ou non, je n’ai pas saisi un traître mot de ce qui a été dit! De l’autre côté d’un paravent qui séparait notre groupe du reste de la salle, deux couples échangeaient suffisamment fort pour se faire entendre. La présentation ressemblait en tout point à une transmission cellulaire dans un tunnel : entrecoupée, tout à fait décousue, totalement indéchiffrable! Mon enthousiasme du départ s’est vite transformé en frustration. Après quinze minutes d’effort à faire abstraction à cette agression sonore, j’ai abandonné la partie. Résultat : je suis restée sur ma faim avec en prime un agacement bien réel!
Mais dites-moi, dans quel siècle vivons-nous? Celui de la communication et de l’information? Nullement! De toute évidence, c’est l’ère de l’information et de l’expression ; l’expression sous toutes ses formes et en toute liberté! Impossible de se taire ni de réclamer le silence. Partout les gens s’expriment de diverses manières et sur tous les sujets possibles. L’opinion est non pas partagée mais diffusée! Il serait utopique de croire qu’on peut l’éviter; elle est présente dans tous les recoins de notre vie. D’ailleurs, à force d’entendre tous et chacun s’exprimer, la société ne communique plus: elle fait du bruit!
En revanche, où est-il le propos, l’énoncé ou le discours bien raisonné et révélateur dans tout ce vacarme? Où est-elle l’information utile dont on a réellement besoin? Il y a trop de données et trop d’émetteurs, c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin; à la longue nos oreilles n’entendent pas plus qu’elles n’écoutent. On vit dans un perpétuel bruit de fond qui varie en décibel.
De nos jours, la tolérance est large, à moins que ce soit de l’indifférence à l’échelle planétaire : on coupe la parole, on parle par-dessus l’interlocuteur, on s’égosille pour être entendu. On parle, on parle vite, on parle sans arrêt comme si on craignait que le ciel nous tombe sur la tête avant qu’on ait eu le temps de tout dire… Soit dit en passant, pendant qu’on parlait, qui écoutait? Notre attention ne peut être tournée sur deux choses à la fois. Comme le disait si bien mon chef de chœur au moment de monter sur scène: « Il y a ceux qui chantent et ceux qui… écoutent!»
Si vous ne voulez pas que votre interlocuteur tombe en écran de veille et mette votre laïus en arrière-plan, apprenez à respirer entre chaque énoncé. Sachez lui accorder du temps d’antenne afin qu’il puisse, lui aussi, s’exprimer. Ainsi, vous sauvegarderez l’intérêt de la personne à laquelle vous vous adressez.
Savoir écouter n’a rien à voir avec la soumission, la passivité ou l’apathie. Au contraire, c’est une prédisposition mentale qui doit être cultivée, améliorée, affinée. Elle exige une attention absolue afin de décoder les sentiments, les émotions et le langage corporel de celui qui parle. Écouter, c’est faire preuve de présence (être disponible) afin qu’il y ait échange. C’est aussi respecter le message et le messager (empathie) mais c’est d’abord et avant tout, savoir se taire.
Celui qui parle, veut instruire. Celui qui écoute, veut apprendre. Celui qui fait du bruit, veut être remarqué… Parlez moins et écoutez plus; vous en apprendrez davantage sur vous-même et sur les autres.
Quand je verrai la sincérité dans les yeux de celui qui m’écoute, alors là, je commencerai à parler.
Mésange
Mésange
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