Au milieu du chaos...

Dans toutes les situations réunies, on serait tenté de croire que c’est lors d’un déménagement que l’on est confronté au pire chambardement qui soit. Cependant, même lors d’un transfert de propriété, il y a un certain ordre : les objets sont dans les bonnes boîtes et ces dernières sont bien identifiées. En revanche, entamer une série de travaux de rénovation est sans contredit la pire condition à laquelle on a à faire face: on perd nos repères parce que tout change de place. Pour vider une pièce, on doit répartir son contenu dans quatre autres pièces et dans chacune d’elles, redistribuer le tout afin de libérer un peu d’espace. Au bout du compte, tout est ailleurs et rien n’est vraiment à sa place! Alors chaque fois que l'on voudra ranger un truc, on devra y réfléchir à deux fois, car depuis le début des travaux, le mobilier a emprunté un parcours labyrinthique pour aboutir quelque part dont on n'y aura accès qu'une fois le travail terminé.

On aura beau user d’imagination, il n’y a aucune porte de sortie;  on est captif de la situation un point c’est tout! Tant que la manœuvre est sur place, on ne peut quitter les lieux. On doit veiller à la bonne marche des travaux même si on n’est pas spécialiste en la matière, car la seule chose qui nous importe c’est le résultat et pour se faire, on doit forcément vivre avec les ouvriers dans le bruit et la poussière. Dès à présent, le chaos fait partie de notre quotidien.

Présentement, nous sommes en pleine rénovation; on refait les escaliers, les planchers et la décoration. C’est un chantier qui va s’étendre sur au moins un an. Déjà six mois se sont écoulés et  on est toujours en vie! Ça tient du miracle! Mon environnement est tel que le seul endroit qui n’a pas hérité d’une boîte ou d’un surplus de mobilier c’est mon espace bureau. J’avoue que j’y passerais la journée entière juste pour y retrouver un semblant d’organisation. N’empêche que cet univers désorganisé, chamboulé et encombré se reflète sur mon système de pensées donnant lieu à un traitement de l’information totalement faussé.  L’image mentale que je fais de la situation est pire qu'elle ne l'est en réalité, par conséquent, elle affecte mon moral.

Dans une situation comme celle-ci, on ne peut ni voir clairement ni bouger efficacement. On procède par tâtonnements ou si vous préférez, on souffre d’incapacité provisoire : ce qu’on arrivait à faire avant est quasi impossible désormais; il faut donc faire preuve de patience!

Ça y est, le mot m’a échappé bien malgré moi. La patience, cet attribut presque sacro-saint, est plus souvent qu’autrement inaccessible car c’est quand on en a le plus besoin qu’elle s’éclipse. C’est à croire que la patience manque de patience vis-à-vis de moi! Bref, je vois bien que ,sans cet avantage, je n’arriverai à rien de bon. Il va falloir que j’accepte la situation dans son intégralité, c’est-à-dire avec les contrariétés, les déboursés supplémentaires et l’inconvénient que tout ne va pas aussi vite que je le souhaiterais.

Un peu de courage que diable! Évitons de se laisser abattre. S’il y a de la poussière et du désordre c’est signe qu’il y a du travail qui se fait; s’il y a des déboursés imprévus, alors il y a de fortes chances que le résultat soit grandiose!

Savoir préserver l’ordre au milieu du chaos, c’est chose possible. Il faut simplement trouver une pièce où tout est à sa place et s’y réfugier quand le trop déborde et ainsi échapper au découragement. Et un jour ces bouleversements prendront fin et on se hâtera à reconstituer son univers d’avant dans un environnement qui s’est enjolivé grâce aux améliorations.

Encore quelques mois et les travaux seront bel et bien terminés. En attendant, je vois graduellement l’intérieur de ma maison se métamorphoser et j’apprécie chaque petit changement. L’ensemble est loin d’être harmonieux, esthétique et propret mais c’est l’endroit où je retrouve mon chéri après une dure journée.

Finalement, peu importe le chaos; si ma tendre moitié est là, mon bonheur y est aussi!

Mésange